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genre :                  

fiche technique :  

 

           Le lieutenant de police Bishop se voit confier pour sa première journée de service une mission intérimaire. Il doit faire la transition de la permanence dans un commissariat quasi-désert (où téléphone et électricité sont coupés) devant être déménagé le lendemain. Cette responsabilité ne l’enchante guère, d’autant qu’un évènement imprévu survient : un convoi de policiers escortant trois détenus condamnés à mort est obligé de faire une halte car l’un d’eux est malade. Les policiers doivent donc contacter un médecin et les criminels sont placés entre-temps en cellule. Au même moment, un terrible gang qui essayait des armes abat une fillette et un vendeur de glaces. Le père de l’enfant poursuit les tueurs en voiture et tue l’assassin de sa fille. Il est aussitôt pourchassé par le reste de la bande et trouve refuge dans le commissariat. Complètement prostré, il se trouve dans l’incapacité de raconter son histoire. Le gang alors isole les lieux et les policiers convoyant les criminels sont  abattus. Isolés, Bishop et les quelques membres du personnel doivent pactiser dans l’urgence avec les prisonniers pour rester en vie. Le siège commence…

Bishop se rendant au commissariat

 

       Deuxième film d’un dénommé John Carpenter, « Assaut », sorti en 1976, est accueilli dans une indifférence quasi générale, excepté en Angleterre où il reçoit un accueil des plus favorables. Pourtant c’est un coup de maître. « Dark Star » le précédent film de Carpenter n’était qu’une étude cinématographique, mais « Assaut » est une pure réussite qui contient déjà tout ce qui fera le succès des prochaines créations de son auteur. Les plans sont serrés, nerveux, le climat sombre s’installe de manière angoissante. Un brin fantastique (qui sont les membres du gang ? pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux ?), les pièces angulaires des prochains films de Carpenter sont posées. Ainsi Nelson, l’un des condamnés à mort, lorgne furieusement sur Snake (le héros de « New York 1997 »),  John Nada (« Invasion Los Angeles ») ou encore Mac Ready (le pilote de l'hélicoptère de « The Thing »). Le film a été construit avec un bugdet minimaliste et est en fait un remake urbain à peine déguisé du western « Rio Bravo » de Hawks. La musique est de Carpenter (comme souvent dans ses films), un peu trop répétitive toutefois (écoutez, c’est ce que vous entendez en fond sonore). Tous les codes de ce film préfigurent ce que seront les prochaines œuvres de Carpenter : peu de moyens, un lieu isolé, des anti-héros, un affrontement avec une force maléfique. John Carpenter filme comme personne ne l’avait fait auparavant : utilisation de travelling, resserrement du temps et de l'espace, jeu sobre des acteurs et création d’un héros cynique, une lenteur d’action puis un paroxysme . Carpenter décide également que les survivants seront ceux qui auront montré des qualités de courage, de loyauté et de confiance pendant la tragédie. Tout ceux qui affichent un comportement inconvenant (crise de nerfs, égoïsme…) ne s’en sortiront pas. Ce qui n’empêche pas le cinéaste de s’autoriser quelques clins d’œil : il apparaît en ennemi et donne son adresse personnelle à la place des nouvelles coordonnées du commissariat. « Assaut » recevra un formidable accueil au festival de Londres à sa sortie.

Le tueur

 

        Le début du film est très lent, très calme sans pour autant être ennuyeux. Le puzzle de l’histoire se met en place. Parfois on a l’impression de voir un vieux film style « Starsky et Hutch », car les couleurs sont altérées, le look de personnages démodé. Pourtant ce film ne se dévalorise absolument pas avec le temps parce que le thème est encore très actuel. Et pourtant c’est tout juste si ce long-métrage vit le jour. Les deux producteurs, Kaplan et Kaufman, misèrent leurs 100 000 $ personnels sur ce seul projet, modifiant une première fois le nom « The Siege » en un maladroit « Assault on Precinct 13 », alors que le film se déroule dans le Precinct 9, division 13. Excepté pour la conduite automobile, aucun cascadeur ne fut engagé, Carpenter rameuta ses potes, même ses profs de fac, son équipe technique et leur fit endosser les rôles des différents loubards.

Une cible choisie au hasard

 

        La scène choc du film est incontestablement l’assassinat de la petite fille. Personne n’avait osé transgresser un tel tabou et le film fut sorti avec des mises en garde sévères, des interdictions aux moins de 18 ans, voire des coupures de la fameuse scène mais pas immédiatement. Ce qui est incroyable d'ailleurs, c'est que cette scène devait être censurée mais qu'une boulette énorme du monteur (il oublia de l'enlever) permit à donner un retentissement fabuleux à ce film. Car plus incroyable encore, alors que le réalisateur se donnait des sueurs froides en se demandant si son film allait être classé X pour cette fameuse scène, la commission de censure n'y fit même pas attention et l'occulta totalement. Le films sortit donc tout au début sans mise en garde particulière. Pourtant l’efficacité de cette séquence est impressionnante. Or un tabou avait déjà été levé lors de la sortie du film « La Nuit des Morts-Vivants » de Romero, qui montrait une petite fille devenant zombie. Carpenter ne l’a sûrement pas oublié et d'ailleurs quand on observe de plus près son film, les tueurs avancent sans un mot, tranquillement, tels de véritables zombies, et paraissent invulnérables (cela ne vous fait pas penser à un certain Michael Myers, le tueur d’Halloween ?). Petit clin d’œil également au film de Romero, Bishop est également un noir, comme le héros de « La Nuit des Morts-Vivants ».

        « Assaut » est un film coup de poing,  une date dans l’histoire du cinéma américain. Ce film « a fonctionné et fonctionnera encore car la hantise de l’agression gratuite obsède absolument tout le monde » (Carpenter). D'ailleurs, « Nid de guêpes » n’est ni plus ni moins la copie de « Assaut ». Toutefois la qualité du DVD "Assaut"  est extrément décevante quand à la couleur des images, très terne.

         D’une noirceur rarement égalée, le film de Carpenter atteint une exceptionnelle intensité dans l’action et le suspense. Impossible à ignorer.

         Le réalisateur John Carpenter pourrait bien voir son film "Assaut" réadapté par la compagnie Focus Features qui fera équipe, pour l'occasion, avec Liaisons Films et Why Not Productions. Car si les informations sont exactes, le film sera distribué par la filiale de Universal spécialisée dans ce genre de films. Le scénariste James DeMonaco ("Le Négociateur") est chargé d'écrire l'adaptation. La nouvelle version transposera l'action de nos jours, dans un bureau de police devenu obsolète suite à l'industrialisation des banlieues alentours. A suivre...