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    fiche technique :  

                                                        

          1997. L’île de Manhattan, devenue une immense prison fortifiée et surpeuplée, abrite 3 millions de prisonniers qui se côtoient livrés à eux-mêmes. Lorsque Airforce One, l’avion du président des Etats-Unis, est détourné par des terroristes qui le crashent dans une tour, celui-ci a juste le temps de s’éjecter dans une capsule de secours. Mais il est aussitôt recueilli par les prisonniers qui voient là une bien intéressante monnaie d’échange. Or le président doit absolument se rendre à une conférence et présenter des documents vitaux pour le maintien de la paix dans les 24h sinon une guerre mondiale risque de se produire. Le responsable de la sécurité du chef de l’état Bob Hauk décide alors d'envoyer Snake Plisken, un dangereux prisonnier,  rechercher le politicien et sa précieuse mallette menottée à son poignet en échange d'une amnistie totale. Snake dispose de 24h.

      Carpenter réussit là LE film d’anticipation par excellence. Formidable scénario, décors austères mais somptueux font de ce film un véritable chef d’œuvre. La statue de la liberté devient un mirador, et Manhattan encerclée par un mur de 15 mètres bluffe pleinement les téléspectateurs. Voilà les toutes premières minutes de présentation du film, et déjà l’accroche excellente incite à ne pas quitter son fauteuil. Malheureusement une grosse déception vient poindre : la qualité du 1er dvd (voir fiche technique) est indigne de ce genre de film. Image très décevante et son mono contribuent à nous dépiter. Mais heureusement une nouvelle édition, irréprochable, est sortie le 24 juin 2003 faisant l’objet d’un remastering total. Et quelle édition !!!! De toute beauté ! Ne vous trompez donc surtout pas si vous désirez vous procurer le film

New York et le mur qui l'entoure

          Conçu en 1981, « New York 1997 » n’a pas pris la moindre ride et peut se targuer de rivaliser avec les grosses productions américaines actuelles comme « Minority Report ». Même si les deux films présentent sensiblement des différences (effets spéciaux plus récents pour « Minority Report » et un budget plus limité pour « New York 1997 »), ils n’en demeurent pas moins attrayants tous les deux grâce encore une fois aux scénarios ingénieux proposés par les deux cinéastes. On peut les ranger côte à côte dans sa vidéothèque et obtenir un égal plaisir en les visionnant.

          La musique incroyable signée John Carpenter ne fait que renforcer l’impact des situations. Au synthé, John a élaboré un style prenant qui colle parfaitement aux scènes, souvent angoissantes (vous l’entendez en fond sonore). Le mariage des deux arts homogénéise l’ensemble de l’œuvre, et correspond tout à fait à son coté futuriste et sombre, sans tomber dans une musique techno qui serait totalement décalée.

          Quand à celui qui incarne S.D. Plisken, l’excellent Kurt Russel tient les rennes de cet anti-héros fascinant. C’est le meilleur personnage qu’il incarne dans toute sa filmographie, celui qu’il préfère !  Après avoir quitté Disney, il n'était pas évident pour lui de s'imposer auprès de la production mais Carpenter était décidé coûte que coûte à l'engager. Une part de mystère sommeille chez Snake que Kurt Russel incarne avec maestria. On ne connait pas vraiment l'origine de cet anti-héros, la raison de la perte de son oeil et pourquoi est-il devenu aussi désabusé. Ce que l'on sait est qu'il fut le plus jeune héros militaire d’une guerre pour laquelle il fut décoré par le Président des Etats-Unis himself ! Légende vivante, tous ceux qu’il croise dans la ville fantôme le connaissent de réputation. Carpenter aurait semble-t-il tourné le pourquoi de son incarcération (un hold-up qui tourne mal) mais a refusé d’inclure cette séquence dans le film qui n’apportait pas d’éléments accrocheurs finalement. Peut-être la verra-t-on néanmoins dans une director’s cut dans l'édition à paraître bientôt ! Le parallèle est évident avec les rôles de Clint Eastwood style « Le bon, la brute et le truand »… Le héros (ou anti-héros) est cynique, désillusionné et ne lutte que pour sa propre survie.

Un Président en bien facheuse posture

          Carpenter, grand amateur de western, engagea des seconds rôles prestigieux. On retrouve Lee Van Cleef (Bob Hauk dans le film), le méchant de « Le bon, la brute et le truand », dont c’est l’une des dernières apparitions. Les autres seconds rôles sont tenus par des professionnels des films de guerre : Ernest Borgigne (« Les 12 salopards », mais plus connu dans son second rôle dans la série « Supercopter »), Donald Pleasance (« La Grande Evasion » mais aussi « La Nuit des Masques » [Halloween] de Carpenter),  Harry Dean Stanton (« Tomahawk Trail » et diverses séries B de western sans compter des apparitions dans quelques films prestigieux comme « Alien », « Paris Texas », « La Ligne Verte »). En introduisant tout ce petit monde dans le même univers, Carpenter obtient un film qui mélange étrangement mais adroitement les genres, une sorte de western futuriste. D’ailleurs Snake se ballade toujours avec en bandoulière un fusil à la manière d’un héros de western.

          En observant attentivement les différents personnages de cette histoire, force est de constater qu’aucun d’eux n'est un héros. A commencer par Snake qui malgré ses médailles militaires vit en priorité pour lui et non pour les autres, Bob Hauk qui a lancé Plisken dans un gouffre, le Président montrant sa lâcheté, et tous ceux qui se retrouvent enfermés dans la prison de part leur passé criminel. Très noir comme tableau, mais on se range évidemment tous du côté de Snake Plisken, comme d’ailleurs auprès de tous les autres anti-héros dont est coutumier Carpenter. En ce qui concerne la poltronnerie du Président, le réalisateur enfonce un clou dans le politiquement correct, mais juste ce qu’il faut pour ne pas être taxé d’anti-américain.

Combat entre un géant et Snake au Madison Square Garden dévasté

          Le tournage fut réalisé dans la ville de Saint-Louis (Missouris) dont le centre-ville fut incendié dans les années 70. Les accords passés avec la mairie aboutirent à une excellente collaboration des deux parties (ville plongée dans la nuit volontairement pour certaines séquences), la municipalité étant trop heureuse de retrouver un moyen de financement aussi minime soit-il. Barry Bernardi le responsable des décors simula parfaitement les tours du WTC, le pont de la 69ème rue, ou encore le Madison Square Garden dévasté (filmé dans le lieu véritable). Le centre-ville de Saint-Louis fut même réaménagé avec quelques tonnes de déchets répandus sur les routes et trottoirs. Quelques plans également furent tournés à New York, en témoigne la scène se passant au pied de la Statue de la Liberté mais la ville se montrant trop peu intéressée, la presque totalité des séquences fut filmées à Saint-Louis. Après les 1 million de dollars offert par la maison de production Avco Embassy pour Fog, Carpenter pouvait voir les choses en grand en bénéficiant de cette fois-ci de sept millions de dollars. Même si ce budget semble ridicule, au vu du résultat du film, on se dit maintenant que seul Carpenter était à même de le réaliser.

          A noter que la narratrice en présentation du film en version américaine est Jamie Lee Curtis (actrice ayant joué dans « Halloween » et « Fog » de Carpenter). Pour terminer, si vous n’êtes pas convaincu par la nécessité absolue d’acheter ce petit bijou, je vous conseille de vous diriger sur ce lien correspondant sûrement plus à vos motivations profondes : c'est chouette la vie ici !

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