Injustement ignoré lors de sa sortie en salle, « Nid de guêpes » est ce qui est arrivé de mieux depuis bien longtemps dans l’univers du film d’action français. Mis à part quelques dérapages, notamment au niveau des dialogues, ou du sifflotement agaçant repris en chœur dans la voiture tout au début du film (thème de "the magnificent seven"), « Nid de guêpes » frappe fort et s’adresse à un public dont la tranche d’age se situe entre 15 et 30 ans principalement. Les héros - ou anti-héros - (les maghrébins, la rappeuse, le jeune banlieusard en veste de survêtement, la super agent des forces spéciales, l’ancien pompier de la brigade devenu gardien, le gardien lâche…) s’appuient sur des stéréotypes bien trop prononcés pour être malheureusement crédibles mais donnent malgré tout un piquant à l’histoire. Evidemment on sait pratiquement qui seront les survivants, mais l’une des surprises provient au début du film, lorsque Sami Naceri (le chef des braqueurs) tombe lourdement au sol et se retrouve paralysé ! Handicapé, il va continuer néanmoins la lutte, mais diminué son sort reste très compromis.
Pour tout ceux qui auront vu le film « Assaut » de John Carpenter, le parallèle entre les deux histoires est on ne peut plus évident. Remake avec un soupçon de fantastique en moins (on connaît les motivations des tueurs, à savoir libérer leur chef), les recettes sont reprises efficacement privilégiant l’action au détriment de la mise en situation. Beaucoup de rapidité, les images ne durent que 3 secondes en moyenne, de bruit, de techniques (les armes sont des petites merveilles technologiques), de plans spectaculaires (l’arrivée par la grue), le réalisateur maîtrise parfaitement son sujet, à savoir créer un film d’action efficace. Très peu de psychologie donc, mais du rythme incessant. La manière dont le tueur est immobilisé fait penser fortement à Hannibal Leckter "Le Silence des Agneaux". Mention spéciale à Nadia Fares, très crédible dans son rôle de super-agent, une sorte de « Nikita » moins sensible toutefois… Petite entorse toutefois avec l’univers de Carpenter, où une fillette était assassinée froidement de visu, les tueurs croisent la route d’un jeune garçon et de son père. Le père est abattu et on supposera de même pour l'enfant, en voyant sur une séquence ultérieure son chapeau s'envoler. Le réalisateur a préféré supprimer la séquence choc de son homologue américain. Par contre, schéma identique à John Carpenter concernant la disparition des corps : toutes les victimes sont systématiquement cachées afin de ne laisser aucune trace. Cliquez sur l'image animée La fin du film, un peu spéciale puisque l’on suit un jeune garçon à la recherche de son frère impliqué dans l'histoire, tranche avec les habituels poncifs, mais cette originalité ne paie pas forcément. Bien trop construit dans le même moule que la plupart des films d’action américains, il se dégage malgré tout nettement des films français traditionnels. On attend de pied ferme le prochain long métrage de Florent-Emilio Siri, qui devrait se libérer de ses erreurs de jeunesse et nous livrer enfin un film top. Il n’est pas loin de le réaliser…
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