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          Dans un pays futuriste et sombre, pour fuir leur condition assez pitoyable, des jeunes jouent en permanence à des jeux vidéos qui leur offrent un échappatoire à la réalité. Le plus célèbre d’entre eux est « Avalon » mais interdit par le pouvoir en place. Il permet aux joueurs les plus expérimentés de gagner de l’argent et d’améliorer leur situation précaire grâce à des paris. Ash est l’une des meilleures compétitrices et lorsqu’elle apprend l’existence d’un niveau caché (la « Spéciale  A ») dans « Avalon », elle n’a de cesse d’essayer de découvrir ce nouveau stade. Mais elle a vent également d’une rumeur selon laquelle tous ceux qui aurait franchit cette étape ne seraient pas revenus indemnes et dans le meilleur des cas auraient sombré dans le coma. Un échec signifie une sanction terrible et personne n’a encore jusque là réussit à franchir ce niveau secret. Or Murphy, l’ami de Ash, a été victime d’une mort cérébrale après la découverte de la « Spéciale A » et son esprit est resté prisonnier du jeu.

 

           Autant vous prévenir tout de suite : « Avalon » n’est pas un film destiné à un large public. Parmi ceux qui l’ont vu, se détachent deux catégories. D’un côté ceux qui l’ont adoré et y ont vu une œuvre poétique et esthétique sans précédent, de l’autre, ceux pour qui le film est d’une lenteur exaspérante et au résultat une monumentale déception.

 

Ash

 

Ash surveillée par un autre joueur

 

           Qu’en penser ? Au niveau esthétisme, le film est irréprochable. Trucages et effets spéciaux relèvent du sublime, c’est du pur style « Matrix » (attention, pas dans l’action, mais dans la manière dont les effets visuels sont étonnamment mis en scène). Sur ce point, tout le monde est d’accord et peu de films rivalisent avec « Avalon ». La qualité des images est parfaite, ainsi que le son et la bande musicale. Dès le début, on est cloué par une fusillade qui éclate entre des tanks et des soldats, les explosions sont décomposées (à voir pour comprendre), et on sait qu’on a entre les mains un film qui sera totalement différent de tout ce que l’on a vu jusqu’à présent. Les couleurs sont magnifiées à outrance et donnent ce côté lugubre aux scènes urbaines.

Un hélicoptère ultra-morderne

           « Avalon » est à rapprocher de films comme « Existenz » ou « Delicatessen » voire « 2001, l’Odyssée de l'Espace ». Assez difficile d’accès, il peut rapidement lasser et ne doit son statut de film culte qu’au bouche à oreille qui le précède. Car « Avalon » n’a strictement gagné aucune récompense aux festivals où il a été présenté et n’a pas été reconnu comme le monument cinématographique de ces dernières années auquel on pouvait prétendre. Peu importe, le réalisateur est maintenant adulé par ses pairs, que ce soit par James Cameron ("Terminator", "Titanic") qui le considère comme « le film de science-fiction le plus beau, le plus artistiquement abouti et le plus élégant » ou les frères Wachowski ("Matrix") qui ont une admiration inconditionnelle pour Mamoru Oshii (le réalisateur de « Avalon »).

Le fantôme qui mène à la "Spéciale A"

          L’histoire est quant à elle extrêmement complexe et peut nécessiter plusieurs visionnages pour en saisir toutes les subtilités. N’est-ce d’ailleurs pas là toute la force d’un film ? Mériter d’être revu plutôt que d’être rangé dans un fond de tiroir. Combien de fois entend-on « Oui, ce film est à voir, mais juste une fois… ». Or là, c’est tout le contraire ! Ceux qui se laisseront happer par le scénario feront un parallèle obligatoire avec « Matrix ». Les trames sont identiques ! Le héros est connecté à un monde virtuel où un échec dans cet univers fictif signifie la mort. On peut ainsi sans prétention dire que « Avalon » est un « Matrix » poétique. Les scènes commerciales ont été supprimées pour ne laisser transparaître que du sublime, du splendide, de l’imagination, de la réflexion et concéder une dimension métaphysique à cette œuvre.

Duel

          « Avalon » a mis plus de 10 ans avant d’être enfanté. Sa particularité vient du  fait qu’il a été tourné en Pologne pour des raisons budgétaires et que le réalisateur est japonais. On comprend alors toute la complexité qu’il a fallu surmonter pour casser les barrières de langues (japonais, polonais et américains se côtoyaient sur le tournage). Les comédiens sont typés européens, ce ne sont pas des japonais ou des chinois implantés dans un décor polonais, ce qui briserait l’ambiance du film. D’ailleurs beaucoup d’images ressemblent à l’après deuxième guerre mondiale (ruines, immeubles effondrés) avec un soupçon de futurisme (armes guerrières, hélicoptères) et les costumes des protagonistes sont sombres, dans le style « polonais » des heures les plus noires.

          Inutile de préciser que « Avalon » est un must qui se déguste, l’opposé total d’un film comme « Versus, l’ultime guerrier ». Mais tous les deux ont su mériter leurs galons de film culte. Immanquables !