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genre :                            

fiche technique :  

                                

Une équipe de télévision filme les coulisses d’une école de théâtre.

         Dix ans après « C’est arrivé près de chez vous », la Belgique renouvelle l’exploit en proposant un faux-reportage plus proche de la réalité toutefois que son prédécesseur mais ô combien délirant ! En fait, « Strass » est un mélange du film déjanté de Poelvoorde, Belvaux et Bonzel et l’émission plus sérieuse « Strip-Tease » ayant fait le bonheur de la télévision belge et française. Le film porte l’estampille « Dogme » dont les préceptes figurent au bas de cette page.

          Voici donc un documentaire sur une méthode révolutionnaire du monde du théâtre, la pédagogie ouverte. L'instigateur en est Pierre Radowsky, un professeur manipulateur et vicelard, pensant avoir la science infuse et se chargeant de transmettre ce savoir à de pauvres étudiants trop crédules. Pêtant les plombs allégrement, se défilant dès qu’un obstacle se présente à lui, ce sinistre calculateur n’a de cesse de rabaisser ses élèves, et également ses collègues qui ne partagent pas ses idées. Insultes à tout va, pressions sur les universitaires, tentatives larmoyantes, tous les moyens sont bons pour faire paraître aux yeux des autres ce qu’il n’est pas c'est-à-dire un génie. Avec un culot monstre qui le caractérise, il ira même jusqu’à essayer de violer une élève devant les caméras de télévision… Evidemment, il s’en tirera malgré toutefois le père de la jeune fille un tantinet énervé qui le coursera dans la rue. Mais les bonnes choses ont une fin et une telle chance ne peut durer éternellement. La morale sera donc sauve, sur fond d’éclipse solaire.

Un prof très près de ses élèves... Hilarant !

          La comparaison avec « C’est arrivé près de chez vous » est évidente et même si « Strass » est un excellent dogme, il n’a pas la classe de son alter-ego. Primo, il a été tourné après, il reprend donc quelques ficelles. Secundo, l’histoire est moins passionnante car trop linéaire malgré tout. Parallèle entre les deux films, la dénonciation de la télé-voyeurisme est on ne peut plus évidente. Dans ce film, les cameramen continuent de filmer lorsque le prof essaie de violer la jeune étudiante, puis s’en vont rapidement distribuer leur pellicule à la chaîne de télévision, motivés par des considérations sûrement financières ou médiatiques. Dans l’autre film, c'était plutôt l'interaction entre le tueur et l’équipe de télé qui s’unissaient dans le crime qui était montrée du doigt. Ceci étant, il ne faut pas s’arrêter à ces considérations mais regarder d’un œil plus léger les deux films. Bien sur, « Strass » dénonce les abus perpétrés par les petits chefs avides de pouvoir et de gloriole que l’on rencontre dans la société de tous les jours. Dès que la possibilité est permise, c’est l’occasion pour eux de taper sur les plus faibles (notamment par des phrases assassines ou un comportement hautain) en faisant croire qu’ils brillent par leur intelligence supérieure. Evidemment, il n’en est rien, et les imbéciles se font toujours démasquer : la morale est sauve ! ( 2 fois !).

          « Strass » est un petit film bien sympathique. Bienvenue dans l’humour provocant de la nouvelle pédagogie ! Moments jubilatoires : le pardon d'un élève à son professeur et le casting pour une nouvelle recrue en 2ème année, avec la crise de fou rire des examinateurs.

 

Le Dogme
Je jure de me soumettre aux règles suivantes, étudiées et confirmées par Dogme 95 :
1. Le tournage doit avoir lieu en extérieurs. Accessoires et décors ne peuvent être fournis si un accessoire particulier est nécessaire à l’histoire, il faut choisir un des extérieurs où se trouve cet accessoire.
2. Le son ne doit jamais être produit séparément des images vice-versa. Il ne faut pas utiliser de musique, sauf si elle est présente là où la scène est tournée.
3. La caméra doit être tenue à l’épaule. Tout mouvement - ou immobilité - faisable à l’épaule est autorisé. Le film ne doit pas avoir lieu là où la caméra est placée. C’est le tournage qui doit avoir lieu là où le film a lieu.
4. Le film doit être en couleur. L’éclairage spécial n’est pas acceptable. S’il y a trop peu de lumière, la scène doit être coupée, ou bien il faut monter une seule lampe sur la caméra.
5. Trucages et filtres sont interdits.
6. Le film ne doit contenir aucune action superficielle. Meurtres, armes etc. en aucun cas.
7. Les aliénations temporelles et géographiques sont interdites (c’est-à-dire que le film a lieu ici et maintenant).
8. Les films de genre sont inacceptables.
9. Le format du film doit être un 35 mm standard.
10. Le réalisateur ne doit pas être crédité.
De plus, je jure comme réalisateur de m’abstenir de tout goût personnel ! Je ne suis plus un artiste. Je jure de m’abstenir de créer une "œuvre", car je considère l’instant comme plus important que la totalité. Mon but suprême est de forcer la vérité à sortir de mes personnages et du cadre de l’action. Je jure de faire cela par tous les moyens disponibles et au prix de tout bon goût et de toutes considérations esthétiques.