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J. G. Ballard, un producteur de films, et sa femme Catherine ont une sexualité assez libertine afin de rompre la monotonie de leur couple. Mais à la suite d'une collision en voiture, Ballard rencontre l’une des victimes Helen Remington, l’épouse du conducteur tué par sa faute. Elle l’entraîne alors dans un monde de perversion où se mélangent le sexe, la fascination des voitures et la mort…

Paru en 1996 au festival de Cannes, ce film fit l’effet d’une petite révolution de part la polémique qu’il suscita. Malsain, scandaleux, pervers furent les adjectifs ressortant le plus pour caractériser ce film… Au point même qu'il reçut le prix spécial pour son « audace et son originalité ». Pourtant une partie des membres du jury était contre ce choix, dont Coppola lui même qui présidait le festival.

Les deux héroïnes de"Crash" extrèmement provocantes...

C’est donc avec une certaine curiosité que l’on découvrit ce film de Cronenberg. Le thème si cher à son auteur, à savoir l’exploitation outrancière du corps, de ses mutations, fut encore exploité, ça ne surprit donc pas ses fans. Par contre, l’aspect malsain de son film en dérangea plus d’un, même parmi les plus avertis. En effet, beaucoup de spectateurs quittèrent les salles, embarrassés par les apparences troublantes et obscènes qui se dégageaient tout au long du film. Cronenberg voulait faire un film provocant en faisant ressortir des sentiments malaisés à ceux qui visionneraient sa pellicule et le pari est tout à fait gagné sur ce point.

Comment le cinéaste canadien a-t-il réussi son défi ? Il a habilement marié les thèmes chers qu’il maîtrise parfaitement, c’est-à-dire le traumatisme du corps, ses modifications, la fusion d’objets avec la chair. Ici cette fusion est non seulement représentée par des armatures de soutien pour les jambes, où les vis s’enfoncent dans la peau, mais également par le mélange du métal des véhicules avec le corps humain. En témoigne une extraordinaire séquence, celle de l’accident impliquant plusieurs véhicules.

 

Accidents... Et voyeurisme outrancier

C’est à ce moment-là où toutes les perversités sont mises à nues. Les héros arrivent près d’un carambolage de nuit, et plutôt que de secourir et aider les victimes, ils s’arrêtent et prennent même des photos pour jouir du spectacle, presqu’au sens propre du terme. C’est la meilleure scène du film, une véritable scène choc. Voyeurisme, fascination pour la mort, sensualité immorale rentrent ni plus ni moins en collision et provoquent le dégoût mais également la curiosité des spectateurs. Les gros plans sur les cicatrices, les blessures, le sang sont de rigueur pour choquer. Cronenberg se départit des clichés habituels et livre une réflexion moralisatrice très provocante par ce biais. Alors que dans certains films comme "Cannibal Holocaust" la provocation définit le contraire de la déontologie (des journalistes par exemple), elle répond ici uniquement à des pulsions primaires et morbides de l'humain dans sa plus grande décadence. Assouvir au mépris de l'éthique humaine...

Provocation entre la victime et son chauffard

Il est absolument impossible de rester indifférent face à un tel ovni cinématographique, et même si on le déteste après une première approche, il faut se forcer à le revoir pour comprendre où a voulu aller l’auteur. Ce n’est pas que la forme qui est importante ici, c’est aussi le fond, et les deux vont de paire. Très loin des formats habituels des autres cinéastes, Cronenberg propose un cinéma différent, dérangeant, professionnel qui nous emmène dans un univers totalement insolite.

Si ce n’est pas le meilleur Cronenberg, c’est sûrement le plus provocateur. Tiré d’un roman éponyme de J.G. Ballard paru en 1973, il restera totalement indémodable, comme toutes les œuvres du cinéaste. Une curiosité donc, mais pour public averti.