« Chromosome 3 » (dont le titre ne veut rien dire puisqu’en anglais « The Brood » signifie « La Couvée » ou « La Portée ») est l’œuvre la plus autobiographique de Cronenberg. A la fin des années 70, la psychiatrie explose avec son lot de détracteurs et de partisans. La femme de Cronenberg rejoint à cette époque une sorte de secte anti-psychiatrique et son mari prend le risque de kidnapper leur propre fille. On comprend mieux alors les références auxquelles le réalisateur fait allusion (la séparation, la psychiatrie, la recherche de l’enfant). Sans évidemment être autobiographique dans son sens le plus précis, ce long-métrage s’inspire d’une partie difficile de la vie de l’auteur, période de séparation l’ayant profondément marqué. Tourné en 1979, le film une nouvelle fois en avance sur son temps traite non seulement du divorce mais également des manifestations psychosomatiques c’est à dire des troubles organiques favorisés par des facteurs psychiques. Les exemples les plus connus sont principalement le rougissement, l’asthme, l’eczéma. Avec Cronenberg, ces symptômes vont être multipliés au centuple : le mental s’allie à la chair pour mieux choquer les âmes sensibles et explore les faces les plus sombres de la terreur biologique.
« Chromosome 3 » reste un film d’horreur fort, avec des scènes chocs impressionnantes. En témoigne l’agression de l’institutrice par les deux enfants devant les autres bambins, car même s’il ne s’agit que d’un film, on imagine mal comment les enfants-acteurs présents ont du ressentir la scène. Sont-ils sortis intacts de ce tournage ? Ce plan est axé sur la terreur contrairement à la scène de fin dont je ne vous livrerai pas les détails qui s’oriente vers l'horreur pure. L’étude d’un personnage de femme étonnant, l’actrice Samantha Eggar en femme déséquilibrée, donne du relief à chacune des ses apparitions de plus en plus angoissantes. On sent parfaitement qu’il y a un lien entre elle et les meurtres mais sans pouvoir l’expliquer totalement. Quand à l’enfant disséqué, l’horreur face à son anormalité fait place à la stupéfaction lorsque la découverte de son non-ombilic surprend les enquêteurs.
Le style Cronenberg se définit totalement grâce à ce film et conduira le réalisateur dans une voie dont il ne s'éloignera que peu rarement. Pas de sérial killers, pas d’artifices maintes fois utilisés pour le genre horreur, mais une frayeur viscérale destinée à bouleverser les plus aguerris. Conte de fées pour enfants élevé à la puissance 1000 version horreur, le film le plus terrifiant de Cronenberg reste et sera toujours une œuvre traumatique de l’esprit. La fiction est une nouvelle fois dépassée par le maître de la nouvelle chair comme le surnomme ses fans. Ce scénario des plus original en fait un film audacieux, se concentrant sur des questions éthiques toujours d’actualité (le clonage, la liberté de la médecine…). Il reste beaucoup d'interrogations au final, mais ce film ne laisse pas insensible. On aperçoit le caméraman lors de la chute du grille-pain (invisible sans les arrêts image par image)
Cliquez sur le cerveau pour voir un extrait du film (real video). Attention : images violentes à ne pas mettre devant tous les yeux. Quatrième long métrage de David Cronenberg, « Chromosome 3 » a reçu le prix du Jury de la Critique Internationale, ainsi qu'une mention spéciale, lors du Festival International du Film de Catalogne en 1981. « Chromosome 3 » reste malgré quelques longueurs notamment au début un film brutal, sans concession, d'une violence inouïe. 100% culte.
|