Jean-Marc Faure, homme discret et timide, est
chercheur à l’Organisation Mondiale de la Santé.Du moins, c’est ce que tout le monde croit. Sa femme et ses
enfants, ses parents, ses beaux-parents, ses amis, ses voisins, tous voient en lui
un homme irréprochable. Il n’en est rien. Jean-Marc vit dans le mensonge depuis
plus de quinze ans. Et il est sur le point d’être démasqué. Il va alors
commettre un acte fou.
« Il y a pire
qu’être démasqué, c’est de ne pas être démasqué »
Ce film aurait pu s’appeler « La Chute ». Car
c’est celle d’un homme qui s’enfonce inexorablement dans les abîmes du mensonge
d’où on ne peut se relever.
Seul.............
Deux points particuliers soulèvent ce film : tout
d’abord, le scénario invraisemblable devient totalement crédible une fois le
téléspectateur immergé dans l’histoire. Nicole Garcia, la réalisatrice,
démontre ainsi tout son talent, épaulé il est vrai par une main de maître en la
personne de l’acteur Daniel Auteuil, splendide dans son rôle de menteur
angoissé. Le pari de réaliser un tel film et surtout de le rendre plausible est
largement gagné alors que sur le papier, l’histoire paraît inconcevable. Et
pourtant… Le deuxième point particulier repose sur la véracité de cet
évènement. Tiré d’un fait divers à peine croyable, le film s’inspire de
l’histoire vraie de Jean-Claude Romand. Cet homme a menti à sa famille et à ses
proches pendant des années, leur faisant croire qu’il travaillait en tant que
chercheur à l’O.M.S. alors qu’il passait ses journées à errer sur les routes
dans le Jura. Pour assurer son train de vie fastueux, il n’a pas hésité à voler
ses parents, son beau-père, sa maîtresse en pillant leurs comptes bancaires.
Puis se sachant près d’être démasqué, il a assassiné la plupart de ses proches.
Un
homme au dessus de tous soupçons avec son beau-père
Ce film ne se veut en aucun cas un jugement de l’affaire
« Romand » bien qu’il en prenne toutes les caractéristiques, puisque
bâti autour du livre d’Emmanuelle Carrère. Mais il apporte surtout une
réflexion sur le dérapage d’un petit mensonge et de ses conséquences sans cesse
plus importantes, pour parvenir à une extrémité finale ahurissante. Nicole
Garcia a d’ailleurs choisi de se détacher volontairement du personnage physique
de Jean-Claude Romand, avec un Daniel Auteuil aux antipodes (Romand est grand,
fort, blond et dégarni…), mais l'émotion est toujours palpable. Elle parvient à
une maîtrise éblouissante et confirme que de grands acteurs peuvent devenir de
grands réalisateurs. Quant à Daniel Auteuil incarnant Jean-Marc Faure, il stupéfie, tantôt on le blâme et
on l’exècre, tantôt on le prend en pitié car il inspire la compassion mais
provoque le trouble en chacun de nous. Chez ce personnage, nul doute qu’il y a
une forme d’humanité et cette sensation justement nous révulse.
Désemparé
Car « L’adversaire » c’est tout simplement le
démon qui est en nous. La face cachée que Jean-Marc Faure n’a pas voulu
combattre et qui le submerge. Alors que sa vie est rythmée sur le mensonge, la
duperie improvisée en fonction des circonstances, son déséquilibre va faire
place à une réflexion minutieuse et programmée dans la scène finale. Toute sa
vie n’a été qu’un leurre et le seul instant où il mettra de l’ordre ne sera
même pas une libération pour lui, puisqu’il se retrouvera une nouvelle fois
seul face à ses démons, ratant son dernier coup. La justice finira par le
rattraper.
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Excellente idée également de Nicole Garcia que de montrer
par petits morceaux parsemant le film le juge totalement interloqué devant les
témoins crédules. D’ailleurs chose étrange, le mot le plus important sur la
jaquette du dvd n’est pas le titre, mais un sous-titre placé en hauteur : insoupçonnable.
Un film très sombre, mais très fort.