Chef d’entreprise brillant, Aoyama vit seul avec son fils
depuis la mort de sa femme 7 années auparavant. Son fils de 15 ans le persuade
de retrouver une autre épouse mais les critères de son père sont très élevés.
Sur les conseils d’un ami qui veut l’aider,ils décident d’organiser un faux casting (la fameuse
« audition ») et de trouver parmi les candidates l’élue de son cœur.
Des centaines de filles vont alors défiler mais l’une retient plus particulièrement
l’attention de Aoyama. Après lui avoir fait la cour, la jeune femme (Asami)
disparaît mystérieusement… Dès lors, Aoyama déploie toute son énergie pour la
retrouver. Mais qui sait si ce n’est pas Asami qui va le rattraper.
Film
déconseillé aux moins de 16 ans
Aoyama
(Ryo Ishibashi) n'aura plus jamais le même sourire...
D’entrée
de jeu, soyons clair : ce film ne vaut que pour la dernière ½ heure,
totalement hallucinante et qui contraste singulièrement avec le reste du film.
Les deux comédiens principaux sont remarquables et leur jeu époustouflant. Il
suffit pour cela de consulter en bonus sur le dvd l’interview du réalisateur
Takashi Miike qui développe la scène
finale, les zones d’ombres et les nombreuses questions qui restaient en
suspens. En effet, l’analyse de scènes-clés explique parfaitement dans quelles méandres
nous entraîne le cinéaste et il est jubilatoire de ne voir que
« Audition » ne se limite pas à un délire cinématographique
uniquement, mais à une réflexion poussée et une analyse très fine de la
psychologie des personnages. Avec un peu de bon sens, on peut parfaitement
prévoir une fin similaire dans le fond, mais certainement pas dans la forme.
Asami
(Eihi Shiina) est la perle rare
La
première partie estclassique, presque
trop mièvre, romantique. On suit l’histoire sans trop d'intérêt, avant de se
laisser prendre au jeu, car à mesure que l’histoire avance, on
« sent » qu’il y a quelque chose qui n’est pas clair. Le jeu de la
caméra, les plans sur le téléphone installent un climat dérangeant. La scène où
l’héroïne attend l'appel téléphonique et la chute d’un sac mystérieux lancent
le vrai début des interrogations. Puis la disparition de la jeune femme et
l’enquête du héros à sa recherche déclenchent les questions. Lui qui était le
calculateur, traçant son chemin sans sourciller, va connaître pour la première
fois les incertitudes, et perdre peu à peu de sasuperbe. Le doute va le saisir, avancer vers l’inconnu sera
coûteux et difficile, et il sera incapable de prendre les décisions qui
s’imposent. Il connaîtra d’ailleurs une situation permanente d’échecs, ses
investigations se ponctuant généralement par des désillusions, mais relançant
invariablement l’énigme.
Une
beauté troublante...
L’héroïne
n’apparaît que deux fois dans la première partie du film pour finalement
prendre l'ascendant sur le héros dans la dernière partie. Présentée comme un
personnage de pureté auquel la vie n’a pas fait de cadeaux, elle devient
sympathique, puis mystérieuse avant de devenir inquiétante. Asami a pourtant
tout de l’épouse idéale rêvée mais Aoyama ne la voit que d’une manière
fantasmatique. Même s’il la respecte, Aoyama entretient cette connexion que
pour mieux la séduire et l’avoir à sa merci. Cet asservissement de la femme, la
docilité de la jeune fille qui n’a en fait que peu d’alternatives dans sa vie
puisqu’elle a souffert d’un accident lui ayant stoppé sa passion, sont pour lui
les moyens idéals de la contrôler dans une relation future intime.
mais
angoissante...
Au final,
c’est un film de terreur mentale qui recoupe plusieurs genres : le
romantisme, l’amour mais aussi le thriller glacial qui plonge le téléspectateur
dans la cruauté la plus absolue. L’effroi provient de l’opposition entre le
début et la fin du film. La fameuse dernière ½ heure est saisissante de cruauté
et rarement des films n’ont atteint un tel degré de barbarie. Exploitée et
détruite, la femme devient vengeresse dans un cynisme le plus total. L’homme
qui est jusqu’alors le maître, le patron qui couche avec une femme mais qui la
jette ensuite (tout est suggéré dans les fameux face-à-face avec sa
secrétaire), devient un simple objet. Les rôles sont inversés. Victime de ses
vices...On se prend même à avoir un peu de pitié pour la femme… Finalement
qui est le plus monstrueux ? Les rêves d’Aoyama révèlent un homme lâche,
pervers et persuadé de pouvoir tout maîtriser. Il a monté un faux casting pour
trouver l’âme sœur, il a utilisé la perfidie pour arriver à ses fins. Et Asami
va se charger de le lui rappeler. Elle sera d'une violence inouïe, dans un
combat sadique à mort. Le salut d’Aoyama ne viendra alors que dans le secours
de son fils, qui lui est resté « pur ».Et la question finale sera finalement : qui a auditionné
qui ?